300 000 visiteurs par an sur la presqu’île de Giens, un lieu menacé par l’érosion

La presqu’île de Giens, ce paradis méditerranéen du Var, attire chaque année plus de 300 000 visiteurs séduits par ses plages idylliques et sa nature préservée. Mais ce joyau touristique fait face à un défi majeur : l’érosion côtière qui grignote peu à peu ses contours et menace son existence même. Entre afflux touristique et urgence environnementale, découvrez ce lieu exceptionnel où le temps semble compter.

La presqu’île de Giens, un trésor naturel du Var sous pression

Je me souviens encore de ma première visite sur la presqu’île de Giens. C’était un matin de juin, la lumière dorée caressait les pins parasols et la mer scintillait de mille feux. Ce bout de terre rattaché au continent par deux minces cordons sableux forme une configuration géologique rare qu’on appelle un tombolo double. Nulle part ailleurs en France vous ne trouverez une telle formation aussi bien préservée.

En flânant sur ses sentiers côtiers, j’ai découvert des criques secrètes aux eaux turquoise qui n’ont rien à envier à certaines îles bretonnes aux paysages époustouflants. La biodiversité y est exceptionnelle : 250 espèces d’oiseaux trouvent refuge dans ses zones humides, notamment les fameux flamants roses qui colorent les étangs des Pesquiers.

Mais cette affluence de 300 000 visiteurs annuels n’est pas sans conséquence. Les parkings débordent en été, les sentiers s’érodent sous les pas répétés des randonneurs, et les plages se couvrent de serviettes multicolores. La pression touristique s’accroît d’année en année, créant un paradoxe : plus ce lieu attire par sa beauté naturelle, plus cette même beauté risque de disparaître sous l’effet combiné de la surfréquentation et des phénomènes naturels.

Entre la pointe des Chevaliers et celle du Castellas, j’ai arpenté des falaises où le calcaire sculpté par les éléments offre des panoramas vertigineux sur la Méditerranée. Au loin, les îles d’Hyères complètent ce tableau idyllique. Mais derrière cette carte postale se cache une réalité plus sombre : l’érosion marine grignote inexorablement les côtes de ce joyau varois.

L’érosion côtière, menace silencieuse pour ce joyau méditerranéen

Je n’oublierai jamais ma conversation avec Pierre, pêcheur local depuis quarante ans. « Avant, ma cabane était à plus de vingt mètres de l’eau. Aujourd’hui, les vagues lèchent ses fondations à chaque tempête », m’a-t-il confié en pointant du doigt le cordon occidental, particulièrement fragilisé. Les chiffres sont alarmants : certaines zones de la presqu’île ont perdu jusqu’à 40 mètres de plage en à peine cinquante ans.

Le changement climatique accélère ce phénomène naturel avec des tempêtes hivernales plus violentes et une élévation progressive du niveau de la mer. À chaque épisode méditerranéen, les vagues arrachent des tonnes de sable aux tombolos qui relient Giens au continent. Ces deux langues de terre, véritables cordons ombilicaux géologiques, s’amincissent dangereusement.

La route du sel, qui emprunte le cordon oriental, se retrouve régulièrement inondée. J’y étais en décembre dernier lorsqu’une tempête a submergé l’asphalte, transformant momentanément la presqu’île en véritable île. Les véhicules touristiques s’alignaient, immobilisés, témoins impuissants de la puissance des éléments.

Les conséquences écologiques sont tout aussi préoccupantes. Les herbiers de posidonie, véritables pépinières marines et remparts naturels contre l’érosion, souffrent de l’ancrage sauvage des bateaux de plaisance. Les salins, autrefois exploités pour leur or blanc, constituent désormais des zones humides précieuses mais fragiles face à la montée des eaux.

Préserver ce paradis varois : entre solutions techniques et tourisme durable

Face à ces menaces, les autorités locales ne restent pas les bras croisés. Un vaste plan de protection a été lancé avec l’implantation de ganivelles sur les dunes pour piéger le sable, la plantation d’espèces végétales aux racines stabilisatrices et la construction de brise-lames immergés. Le coût? Plus de 18 millions d’euros sur dix ans, un investissement considérable mais nécessaire pour sauvegarder ce patrimoine unique.

Lors de ma dernière visite, j’ai participé à une opération de sensibilisation organisée par une association locale. Des panneaux explicatifs ont été installés le long des sentiers les plus fréquentés, guidant les visiteurs et les invitant à respecter les espaces fragiles. « Nous ne voulons pas interdire l’accès, mais encourager un tourisme plus conscient », m’a expliqué Martine, bénévole passionnée.

Les professionnels du tourisme s’adaptent également. Les hôteliers développent des offres hors-saison pour mieux répartir la fréquentation, tandis que certains restaurants valorisent désormais les produits locaux et les circuits courts. Cette nouvelle approche pourrait transformer la menace en opportunité, en réinventant un modèle touristique plus respectueux des équilibres naturels.

J’ai eu la chance de rencontrer des chercheurs du Conservatoire du littoral qui étudient les dynamiques sédimentaires autour de la presqu’île. Leurs travaux offrent un espoir : comprendre précisément les mécanismes de l’érosion permettrait de développer des solutions durables et moins invasives que les traditionnels enrochements.

Si vous prévoyez de visiter ce lieu exceptionnel qu’est la presqu’île de Giens, dans la commune d’Hyères-les-Palmiers, je vous encourage à le faire avec respect et conscience. Chaque pas compte, chaque geste peut contribuer à préserver ce trésor naturel pour les générations futures.

Avez-vous déjà visité la presqu’île de Giens? Quels souvenirs en gardez-vous? N’hésitez pas à partager votre expérience dans les commentaires ou à me contacter directement pour échanger sur ce joyau méditerranéen et d’autres merveilles naturelles menacées!